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offices municipaux et de la juridiction consulaire, et continuent d’être taxés d’office au rôle de Limoges, si le roi ne leur accorde pas la noblesse.

5o Que tous les privilèges qui leur sont accordés par l’arrêt de 1743, à l’exception du privilège exclusif, leur soient continués à perpétuité à eux, leurs veuves et enfants fabricants, tant que la manufacture subsistera.

6o Que le titre de Manufacture royale leur soit conservé et confirmé.

7o Ils demandent la concession d’un ancien moulin à poudre et d’un terrain adjacent, situés sur la rivière de Vienne, et appartenant, à ce qu’ils disent, au roi, pour y faire mouvoir, par le moyen de l’eau, différentes machines relatives au moulinage des soies, et y établir une blanchisserie pour les cotons et les fils de lin.

Ils ont depuis présenté une nouvelle requête que vous m’avez aussi renvoyée, par laquelle ils demandent :

8o L’exemption de tous droits pour les étoffes fabriquées dans leur manufacture, tant dans l’intérieur qu’à la sortie du royaume, et celle des droits sur les matières premières qu’ils emploient, et notamment l’exemption du droit de 20 francs par 100 pesant nouvellement imposé sur les cotons filés du Levant, importés par Marseille.

Il est certain, monsieur, que la manufacture des sieurs La Forêt, depuis qu’elle n’a plus de privilège exclusif, ne peut qu’être utile à la province, et mérite la protection du gouvernement.

Ces entrepreneurs ont de l’intelligence et de l’activité, et réussissent assez bien dans les différentes étoffes qui sont l’objet de leur fabrique. Ils ont fait un bâtiment considérable dans lequel ils ont depuis longtemps de cinquante à soixante métiers battants. Ils ont fait voyager leurs enfants à Lyon et dans les principales villes de manufacture pour s’instruire. Ceux-ci en ont rapporté des connaissances dans le dessin, dans les différentes pratiques pour la préparation des matières, dans l’art de varier la monture des métiers et d’apprêter leurs étoffes. Ils se sont procuré des machines utiles, telles qu’un cylindre, une calandre, un moulin pour donner le tors aux soies et aux cotons qu’ils emploient. Ils sont presque les seuls particuliers des environs de Limoges qui élèvent des vers à soie. Leurs soins ont aussi contribué à l’établissement de la filature du