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XX. Quelle est la plus grande étendue de terre que le même homme cultive communément à la Chine ? Y voit-on, comme ici, des fermes de cent, deux cents, trois cents arpents ou davantage, ou bien, les domaines et les fonds de terre n’y sont-ils pas plus divisés ?

XXI. Dans les provinces du midi on ne cultive guère que du riz : on cultive dans les provinces du nord du froment et peut-être aussi d’autres grains ; les métairies ou fermes cultivées en froment ne sont-elles pas plus étendues que celles cultivées en riz ? ou, ce qui est la même chose, un seul cultivateur ne peut-il pas cultiver plus de terre en froment qu’en riz ?

XXII. Quoiqu’on cultive du froment dans les provinces du nord, j’entends dire que les Chinois, même à Pékin, ne vivent guère que de riz et ne mangent point de pain. Que fait-on donc du froment ? car on ne le cultive que pour le vendre, et on ne l’achète que pour le manger ?

XXIII. Quelle est à peu près la fortune des gens qu’on regarde à la Chine comme très-riches ?

Observations. — On peut en France distinguer différents ordres de fortune.

Le premier ordre est formé de celles qui sont au-dessus de 100,000 livres de rente, ou dont le revenu surpasse 16 à 47,000 onces d’argent.

On peut regarder comme le second ordre les fortunes dont le revenu est au-dessous de 100 et au-dessus de 60,000 livres, ou de 10,000 onces d’argent.

Celles de 36 à 60,000 livres, ou de 6,000 à 10,000 onces d’argent, forment un troisième ordre.

Celles de 24 à 36,000 livres, ou de 4 à 6,000 onces d’argent, un quatrième ordre.

Celles de 15 à 24,000 livres, ou de 2,500 à 4,000 onces d’argent, un cinquième ordre.

Celles de 2,000 à 2,500 onces d’argent, un sixième ordre, où l’on est encore regardé comme riche dans les provinces, et à Paris seulement comme très-aisé.

Au-dessous encore, dans le septième ordre, depuis 1,000 jusqu’à 2,000 onces d’argent de revenu, l’on jouit d’une aisance honnête, mais on n’est point appelé riche.

Maintenant, on demande si les fortunes du premier ordre à la Chine sont de quinze ou seize mille taels de revenu, ou seulement de dix, ou de six, ou de quatre, ou même de deux mille taels, ou moins encore.

    misère du pauvre. Aussi paraît-il constant qu’il n’existe pas de contrée où le sort du peuplé soit plus déplorable qu’à la Chine. (E. D.)