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NOTICE HISTORIQUE
SUR LA VIE ET LES OUVRAGES
DE TURGOT.


Anne-Robert-Jacques Turgot, baron de l’Aulne, ministre d’État, membre honoraire de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, et le plus jeune des trois fils de Michel-Étienne Turgot, prévôt des marchands sous Louis XV, naquit à Paris le 10 mai 1727. Sa famille, passée en Normandie du temps des croisades, est regardée comme une branche de celle qui porte le même nom en Écosse. Et l’origine de cette dernière se perdrait dans la nuit des temps, s’il faut en croire les biographes, car ils lui assignent pour auteur Togut, prince danois, qui vivait mille ans avant l’ère chrétienne, et comptent encore au nombre de ses membres saint Turgot, abbé du monastère de Dunelm, l’un des hommes les plus distingués de son époque, et premier ministre du roi d’Écosse, Malcolm III.

Quoi qu’il en soit de cette généalogie, sur laquelle ne repose pas la gloire de Turgot, il est certain qu’un sang antique et respectable coulait dans ses veines. C’est par l’un de ses ancêtres que fut fondé l’hôpital de Condé-sur-Noireau, en 1281. On voit son trisaïeul siéger, comme président de la noblesse de Normandie, aux États-Généraux de 1614, et y attaquer, avec une courageuse éloquence, la concession abusive que le gouvernement venait de faire, au comte de Soissons, de toutes les terres vaines et vagues de la province. Son aïeul, ayant préféré la carrière de la magistrature à celle des armes, devint successivement intendant de la généralité de Metz et de celle de Tours, à la fin du dix-septième siècle. Dans ces fonctions, que la puissance des intérêts privilégiés rendait alors si difficiles à