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LE CONTEUR BRETON

moyen de se débarrasser de Jean. — Alors c’est bien, dit le roi, je verrai s’il dit vrai. — Et il fait dire à Jean de venir le trouver.

— Qu’ai-je entendu dire, Jean ! Il parait que tu t’es vanté d’obtenir, si tu le voulais, la fille du roi Fortunatus. — Quel est le menteur, répliqua Jean, qui vous a dit cela ? Jamais, vous pouvez m’en croire, je n’ai eu une telle pensée. — Ne vas pas nier ce qui est vrai, dit le roi, car les garçons d’écurie t’ont souvent entendu parler d’elle en ajoutant que, si tu voulais, tu étais capable de l’obtenir. — Ce sont des contes et rien de plus, dit Jean, des contes colorés de mensonges. Vous ne croyez donc pas que j’aie trouvé cette perruque dans une garenne, oh ! non. Vous préférez que j’aille vous chercher une fille dont je n’ai jamais entendu parler ? En voilà une affaire qui m’arrive pour une perruque dont je ne connaissais pas le propriétaire ! — Peu m’importe ce qui t’arrive, dit le roi, il te faut aller me la chercher, et tu iras, quand bien même ce serait difficile ; sans cela ta peau s’en ressentira.

Jusque là Jean n’avait pas songé à son cheval ; mais il s’en souvint alors et il alla le trouver vite et vite, en pleurant comme un veau. — Eh bien, dit le cheval, en le voyant venir, je savais bien que tu devais venir me voir sans tarder, et te voilà arrivé. Ne t’avais-je pas bien dit ? Tu n’as pas voulu m’écouter, et voilà ce qui t’arrive maintenant. C’est bien, c’est bien, dit le cheval ; va