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LE CONTEUR BRETON

cette île. — Il me semble, dit Ahez, que le coffre ne bouge plus. — Non vraiment, dit Christophe, il ne bouge plus ; il est sur une île, — Que ce coffre tombe en cendres, mon petit poisson. — Si bien que l’on vit le coffre comme s’abîmant, et tous les trois sortirent de là. Ahez était étonnée, comme vous pouvez croire, de voir ce qui leur arrivait.

Ceux-ci étant allés dans l’île, et voyant qu’il n’y avait ni maison, ni quoi que ce soit, Ahez dit à Christophe : — Il nous faudra mourir ici de faim et rester exposés aux intempéries. — Il n’en sera pas ainsi, dit-il ; avant la nuit nous aurons de quoi vivre, et une maison pour nous loger. — Qu’il s’éleve ici à l’instant, dit Christophe, un manoir plus beau que le palais du roi Gradlon dans la ville d’Is, et dedans, des vivres, des domestiques pour servir Ahez, et à l’extérieur des arbres et des jardins les plus beaux qu’on ait vus ; qu’il y ait de plus un superbe pont d’ici à la ville d’Is. Et voilà que fut exécuté aussitôt tout ce qu’avait demandé Christophe ; cela se passait le soir.

Ahez, qui avait faim, mangea, but et alla se coucher ; ce n’était pas sur la paille. Christophe y alla aussi, après avoir fait une promenade dans son île.

Le lendemain, Gradlon n’eut rien de plus pressé que d’entendre venir[1] vers lui un des grands de

  1. C’est le mot-à-mot breton ; cette tournure de phrase est fort expressive ; à la lettre : la première hâte qu’eût Gradlon fut, etc.