Page:Troude ha Milin - Ar marvailler brezounek.djvu/299

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
287
LE CONTEUR BRETON

capable alors de soulever cette roche, et il me faudrait mourir dessous.

— Voilà, dit le corps, ce qu’est mon âme et où elle est. — Bien, bien, dit la fourmi qui avait écouté aussi attentivement que possible, et qui avait parfaitement compris tout ce qu’avait dit le corps à la princesse. — Attends un peu, dit la fourmi, je vais partir maintenant pour voir si je pourrai te tirer des mains de ce corps maudit ; attends-moi et traite-le du mieux que tu pourras ; je verrai plus tard.

Voilà alors la fourmi qui sort de là par le chemin où elle était venue. Quand elle fut dehors : — Que je devienne corbeau ; et voilà Ivon transformé en corbeau et partant au vol en grande hâte vers l’île dont avait parlé le corps sans âme. Il y arriva sans tarder et y descendit ; transformé en homme aussitôt, il alla, comme un pauvre malheureux, demander où était l’ogre dont il avait entendu parler. — Vous n’avez, lui dit un homme, qu’à aller dans le manoir que vous verrez là plus loin, et on vous y conduira. — Ivon alors se rendit au manoir et demanda s’il ne trouverait pas quelque chose à faire. On l’envoya auprès du maître, et celui-ci lui demanda ce qu’il désirait faire. N’importe quoi, dit Ivon, quand bien même ce ne serait que garder les bestiaux. — Garder les bestiaux ici est plus difficile que vous ne croyez, car à la lisière du bois, dans les champs où ils vont paître, se trouve un ogre qui, chaque jour, enlève