Page:Troude ha Milin - Ar marvailler brezounek.djvu/269

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
257
LE CONTEUR BRETON

Dites-moi, prince, que feriez-vous si vous étiez à ma place ; voici à quel sujet. Tous ceux qui sont ici présents savent que j’ai été esclave pendant longtemps. À l’époque où j’étais allé dans ce funeste pays, j’avais un coffre qui fermait à clef ; c’était un coffre des plus beaux. Il m’arriva d’en perdre la clef ; que fis-je donc quand je revins dans ma demeure ? Je fis faire une clef neuve, et quand on me l’apporta et avant de la mettre dans la serrure, voilà que je retrouvai la vieille clef. Maintenant je demande ce qu’il faut faire ; dois-je garder la vieille clef, dois-je mettre de côté la nouvelle, puisque je ne sais pas encore si cette nouvelle est bonne ou mauvaise ?

— Puisque vous n’avez pas encore essayé la neuve, et que vous ne savez pas si elle est bonne ou mauvaise, dit le beau-père, ce que vous avez de mieux à faire, si vous m’en croyez, c’est de mettre la neuve de côté, et de vous servir de l’ancienne, comme auparavant. — C’est bien cela, dit un archevêque qui était présent ; c’est ce qu’il y a de mieux à faire.

— Je vous remercie de votre avis, dit le jeune prince ; je n’ai pas encore pris possession de votre fille ; c’est elle qui est la clef neuve. — Et, introduisant la gardeuse de volailles dans la salle, il ajouta : — Voici la vieille clef que j’ai retrouvée ; c’est elle qui est ma première épouse, et c’est elle que je dois garder, et je la garderai. Maintenant donc, prince, gardez aussi votre fille, puisque je n’ai que faire d’elle. Mais quant à celle-ci, elle est et sera mon épouse. Elle a eu assez de mal pour