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loir. On se dira peut-être, que si George avait eu personnellement à souffrir par suite de la négligence de son père à faire ces susdits envois d’argent, il est fort possible qu’il eût vu la chose sous un aspect plus grave.

George avait pris un drogman, et, suivi de ce seul domestique, il quitta à cheval la ville des orangers.

L’oranger est fort commun en Espagne, à Malte, en Égypte, à la Jamaïque et dans d’autres pays encore ; mais, dans un rayon de deux lieues autour de Jaffa, on ne voit absolument que des orangers, à l’exception toutefois des haies de figuiers d’Inde qui divisent les jardins. Les plantations d’orangers se succèdent jusqu’à ce qu’on arrive au grand désert ouvert qui mène à Jérusalem.

Pour un Anglais, il y a quelque chose de fort attrayant dans l’idée de se mettre en route à cheval pour traverser le désert, le pistolet à la ceinture, sa valise bouclée devant lui, et de n’avoir pour tout compagnon qu’un seul serviteur à cheval. Un pareil voyage offre un soupçon de danger qui suffit tout juste pour lui donner du piquant ; et puis cela est si peu anglais, si oriental, si incommode, si différent de la rapidité et du confort d’un chemin de fer, si en dehors des chemins battus de la vie ordinaire, qu’il est enchanté de se mettre en selle. Mais on peut se demander s’il n’est pas généralement encore plus enchanté de quitter la selle, — surtout si c’est une selle turque.

George avait ouï parler des chevaux arabes et des nuages de poussière que soulèvent leurs pieds ailés. Il