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M. Bertram. Le voyage à la recherche de son père ne fut pas pour notre héros une entreprise aussi difficile que l’avait supposé, son oncle. Il devait passer par Paris, Marseille, Malte, Alexandrie, Jaffa, Jérusalem et Damas, et il avait prié sir Lionel de lui écrire, si faire se pouvait, à toutes ces adresses, ou du moins à l’une d’entre elles. Il ne reçut de nouvelles ni en France, ni à Malte, ni en Égypte, mais en arrivant à la petite ville de Jaffa, où il foula pour la première fois le sol de l’Asie, il trouva une lettre de son père. Sir Lionel était sur le point de quitter la Perse pour se rendre en mission à Constantinople, mais il ferait certainement un détour, disait-il, pour se rencontrer avec son fils à Jérusalem.

Le ton de la lettre de sir Lionel ne rappelait en rien les conversations de son frère M. Bertram. Il félicitait de tout son cœur son fils de ses succès à l’Université et lui prédisait pour l’avenir une carrière à la fois brillante et lucrative ; il exprimait le plus vif désir de l’embrasser, et parlait, avec un enthousiasme qui touchait à l’ivresse, de la perspective de passer quelques semaines avec lui à Jérusalem.

Cette lettre fit le plus grand plaisir à George, qui souhaitait tout naturellement d’avoir une bonne opinion de son père et qui n’avait jamais voulu admettre sans réserve les torts auxquels M. Bertram faisait si souvent allusion, mais dont il ne parlait jamais ouvertement. Le colonel n’avait guère eu pour lui des soins paternels ; jusqu’ici il avait même assez généralement omis de répondre aux quelques lettres que George lui