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là assise, et à moins que mademoiselle Ruff ne prît son parti d’abandonner la table, et de faire une impolitesse extraordinaire, — extraordinaire même pour elle, — il fallait commencer le rob. Elle ne put se décider à la première de ces deux choses, et elle prit bravement le jeu de cartes afin de couper pour les partenaires. Au bout du compte, il restait en sa faveur deux chances contre une. Si la fortune lui donnait pour adversaires lady Ruth et M. Fuzzibell, elle trouverait dans cette proie facile de certaines consolations pour la lenteur et l’ennui de leur mal-jouer.

On coupa, et mademoiselle Ruff eut pour partenaire lady Ruth Revoke ! Il est malheureux qu’on ne l’ait pas photographiée en cet instant. — Et maintenant, monsieur Fuzzibell, à nous deux, s’écria madame Garded d’un ton triomphant.

Dans un autre coin du salon lady Longspade, madame Fuzzibell et mademoiselle Finesse avaient suivi l’exemple de mademoiselle Ruff et avaient trouvé bien vite leur quatrième.

— Avez-vous vu mademoiselle Ruff ? dit lady Longspade, qui avait entendu le ta-ta-ta méprisant de cette dame. Elle me voulait à sa table. Non, non, merci ! J’aime mon rob, et je sais le faire tout comme une autre, mais on peut payer ce plaisir trop cher. Je n’entends pas être grondée par mademoiselle Ruff.

— Ni moi non plus, dit madame Fuzzibell. Je déteste cette gronderie perpétuelle. Nous jouons pour nous amuser, n’est-ce pas ? alors à quoi bon se fâcher ? Ce qui n’empêche point que madame Fuzzibell ne se