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peine à se faire une société à Littlebath. Mademoiselle Todd n’était arrivée que depuis dix jours, et déjà elle avait pu organiser chez elle deux parties de whist ; mais cette fois-ci la chose devait se faire bien plus en grand.

Elle n’avait encore vu ni mademoiselle Baker ni sa nièce. Ces dames avaient échangé avec elle des visites sans se rencontrer. Mais avec sir Lionel elle avait renouvelé connaissance dans les termes les plus affectueux. Il est vrai qu’ils ne s’étaient vus que pendant trois jours à Jérusalem, mais trois jours à Jérusalem valent bien une année dans ce vilain Londres si froid et si compassé ! Peu s’en était fallu que mademoiselle Todd et sir Lionel ne se jetassent dans les bras l’un de l’autre en se revoyant, et tous deux, sans croire déroger à la vérité, parlaient au public de Littlebath de leur amitié comme si elle eût été la plus ancienne et la plus intime du monde.

Le grand soir venu, mademoiselle Todd se plaça à la porte de son salon pour recevoir ses invités. Elle n’était pas femme à les accueillir avec de petites révérences silencieuses ou des compliments insignifiants débités à voix basse ; non ! à son entrée, elle saisissait chaque habitant de Littlebath par la main, et la lui secouait vigoureusement. Elle se réjouissait hautement de l’arrivée de tout, le monde, et leur enjoignait à tous, chacun à son tour, de se régaler de thé et de gâteaux avec une voix qui semblait réclamer et qui obtenait, en effet, une obéissance instantanée.

— Ah ! lady Longspade ! voilà qui est aimable. Je