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— Il faudrait, je pense, beaucoup plus que mon revenu tout entier pour faire cela.

— Vos appointements, vous voulez dire ? Oui, je crois, en effet, qu’ils ne suffiraient pas. Je ne suppose pas que le gouvernement vous donne cent cinquante mille francs pour rester à ne rien faire à Littlebath. Mais vous avez dû mettre de côté. Vous comptiez, je pense, faire quelque chose pour votre fils.

— Je croyais que mon fils pouvait compter sur son oncle.

— Ah ! vraiment !

— Et j’ai été sans inquiétude à son égard.

— Écoutez-moi, sir Lionel ; je vais vous dire ce qui en est. Je sais que vous ne me payerez jamais un schelling de cette dette ; je vais donc prévenir Pritchett qu’il ne se donne plus la peine de vous envoyer les comptes.

— C’est un digne homme que Pritchett, et je suis fâché qu’il se soit donné tant de peine.

— Et moi aussi, j’en suis fâché — très-fâché ; mais ce qui est fait est fait. Il s’est donné la peine, et moi j’ai donné l’argent. Pour ce qui est de George, je ne regrette pas l’argent.

— Vous ne le regretteriez pas, surtout, si vous connaissiez ses sentiments.

— Je me moque pas mal de ses sentiments !

— Il est plein de reconnaissance envers vous.

— Ce n’est pas vrai. Il n’est pas le moins du monde reconnaissant, et je ne lui demande pas de l’être. C’est un honnête garçon qui a un beau caractère, un bon