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vieil avare de frère aurait pu lui donner des milliers de livres sterling, sans en être appauvri !

Nous avons dû perdre de vue M. Bertram l’oncle en racontant l’histoire des dernières aventures de M. Bertram le neveu. Aujourd’hui, il faut que le lecteur sache que, vers le commencement de cette même année, la santé de M. Bertram avait donné quelques inquiétudes à ses amis. George avait été le voir une ou deux fois ; sa nièce, mademoiselle Baker et sa petite-fille, Caroline, en avaient fait autant. Il ne leur avait pas dit grand’chose, mais mademoiselle Baker avait emporté de sa visite l’impression que le vieillard serait heureux de voir s’accomplir le mariage projeté.

Vers cette même époque aussi, son frère avait jugé opportun de l’aller voir. Depuis le retour du colonel, les deux frères ne s’étaient pas rencontrés. Sir Lionel avait appris, avec une surprise toute naturelle, l’histoire de mademoiselle Baker et de sa nièce. Il lui parut évident que George et Caroline hériteraient d’une grande partie de la fortune de son frère, et assez probable que mademoiselle Baker en recueillerait une portion modeste. Puis il se dit qu’il n’y avait rien d’impossible, malgré tout le passé, à ce que le cœur de son frère s’attendrît en présence de la mort. Il pourrait peut-être persuader le vieillard malade, ou, si la persuasion ne pouvait rien, il parviendrait du moins à découvrir de quel côté étaient ses préférences. Sir Lionel lui-même n’était plus jeune, l’aisance et le repos lui devenaient fort désirables : pourquoi n’épouserait-il pas mademoiselle Baker ?