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tradictions de son esprit, il comprenait clairement que le mariage était désormais impossible. N’était-il pas évident que Caroline serait enchantée de se dégager vis-à-vis de lui s’il lui en offrait l’occasion ?

George ne perdit pas de temps. Le lendemain matin, par un des premiers départs du chemin de fer, il se rendit à Littlebath, et alla tout de suite au logement de son père. Sir Lionel, pour être auprès de sa future belle-fille, était resté, on se le rappelle, à Littlebath.

Sir Lionel était encore au lit, car il se plaignait depuis quelque temps de ne pas se sentir tout à fait dans son assiette, et, quoi qu’on fût au mois de mai, il y avait bon feu dans sa chambre. Cependant il accueillit très-bien son fils : le souvenir du prêt de six mille francs n’était pas encore effacé, et la reconnaissance pour les services passés n’avait pas encore fait place au désir d’en obtenir de nouveaux.

— Ah ! George ! est-ce toi ? Je suis enchanté de te voir. Tu vas chez ces dames, je pense ? J’ai passé quelques instants avec Caroline hier au soir, et je ne l’ai jamais vue plus belle, — jamais.

George ne répondit qu’en demandant à son père où il comptait dîner. Sir Lionel dînait en ville. Cela lui arrivait assez généralement. Il était de ces gens qui ont le talent de se faire toujours engager à dîner, et il faut dire — car tout le monde en convenait — que sir Lionel payait bien son écot en amabilité.

— Alors je reviendrai ce soir ; je vous verrai sûrement avant de repartir.

Sir Lionel demanda à son fils pourquoi il ne dînait