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quelque grand que fût son talent d’acteur, son jeu n’était pas irréprochable. Si Bertram avait eu tant soit peu de finesse, il se serait douté de quelque chose ; mais Bertram n’était pas fin, tant s’en faut.

Bertram regarda donc son ami en plein visage. S’il se fût borné à cela et qu’il n’eût pas parlé, il l’aurait emporté et la conversation ne serait pas allée plus loin ; Harcourt n’aurait pas osé continuer. Mais la colère avait gagné Bertram et il ne put s’empêcher de parler.

— Harcourt, déjà une fois vous êtes intervenu entre mademoiselle Waddington et moi…

— Intervenu ?

— Oui, intervenu, et d’une façon que j’ai trouvée, et que je trouve encore, des plus inconvenantes.

— C’est fâcheux que vous ne me l’ayez pas dit au moment même.

— Ce qui est fâcheux, c’est que vous m’obligiez à vous le dire maintenant. Quand j’étais à Paris, vous avez dit à mademoiselle Waddington ce que vous n’étiez pas en droit de lui dire.

— Qu’ai-je donc dit ?

— Je me trompe, c’est elle qui vous a dit….

— Ah ! cela, ce n’était pas de ma faute.

— Pardonnez-moi, c’était de votre faute. Croyez-vous donc que je ne puisse ni comprendre ni voir ? Si vous ne l’aviez pas encouragée, elle ne vous aurait parlé de rien. Je ne crois pas avoir jamais été plus fâché que le jour où votre lettre m’est parvenue. Vous vous êtes permis….

— Je sais que vous avez été fâché, excessivement