Page:Trollope - Les Bertram, volume 1.djvu/342

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que son prédécesseur. L’histoire dont parlait George était exclusivement l’histoire biblique, et les erreurs qu’il dénonçait étaient les affirmations les moins vagues de la Genèse. Il appliqua le nom de mythe à toute l’histoire de la création telle qu’on la trouve racontée dans ce premier livre biblique, — ce fut du moins ce que dirent tous les rabbins d’Oxford, et plus particulièrement les très-savants et très-indignés rabbins du collège d’Oriel dont Bertram était un des agrégés.

Bertram repoussait l’accusation. Il n’avait pas dit que ce fût là un mythe. Le livre imprimé était à la portée de tous, et il semblait que rien ne dût être plus facile que d’éclaircir la question ; mais la chose n’était pas si facile, tant s’en faut. Les mots « mythe » et « mythique » étaient plus d’une fois employés, elles rabbins déclarèrent qu’ils s’appliquaient aux faits bibliques. Bertram prétendit qu’ils s’appliquaient seulement à la façon dont on présentait ces faits au public anglais. Il ajouta quelques remarques fort peu flatteuses pour les traducteurs, et des observations encore moins aimables sur le manque d’intelligence des rabbins d’Oxford. Ce fut une guerre véhémente, et Bertram se défendit en lion, mais en lion dépouillé, car au beau milieu du conflit il se vit obligé de donner sa démission d’agrégé.

Dépouillé d’une part, il se trouva réconforté d’un autre côté. Son oncle avait pris le plus vif intérêt à la dispute et ne se faisait pas faute d’appeler « ânes bâtés » et « moines bigots » les savants de l’Université. On en peut conclure que son orthodoxie n’était pas de