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quatre heures, il y a tout lieu de croire qu’il ne l’aurait jamais expédiée.

Voici ce qu’il écrivait :


« Ma chère Caroline,

« J’apprends de M. Harcourt que vous êtes à Londres avec mademoiselle Baker, et il va sans dire que je regrette beaucoup de ne pas m’y trouver aussi. Ne pensez-vous pas qu’il eût été plus convenable que j’apprisse votre arrivée de vous-même ?

« M. Harcourt me dit encore que vous êtes mécontente, et je vois, d’après sa lettre, que vous vous êtes expliquée librement avec lui au sujet de votre mécontentement. Je pense qu’il eût mieux valu vous en expliquer avec moi ; si vous vouliez vous plaindre à d’autres, vous pouviez vous adresser à votre tante ou à votre grand-père. Il ne me paraît pas que vous ayez le droit de vous plaindre de moi à M. Harcourt, et j’entends que vous ne vous entreteniez plus avec lui à l’avenir sur nos affaires. Cela n’est pas bienséant. Il est possible que ce soit là une action féminine, mais ce n’est point, à coup sûr, une action délicate.

« Vous m’obligez à me défendre. De quoi vous plaignez-vous, et quel droit avez-vous de vous plaindre ? Quand notre mariage a été décidé, il y a de cela plus d’une année, il n’a été nullement question de l’ajourner à trois ans. Je pensais que nous nous marierions aussitôt que la chose pourrait se faire raisonnablement. Vous avez vous-même fixé un très-long délai, et vous avez eu l’obligeance de m’offrir l’alternative d’une