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un parti ; or, l’opulence sans la célébrité n’aurait point contenté M. Harcourt.

Quand donc il jugea le moment venu d’entrer au parlement et qu’il se présenta à cette fin au suffrage des habitants de Battersea, il comprit qu’il fallait adopter un parti. En ce temps-là, le mot d’ordre politique du jour était le rappel de la loi des céréales, et les électeurs de Battersea tenaient absolument à savoir si M. Harcourt était partisan, oui ou non, de la liberté du commerce en ce qui touchait les grains.

S’il faut parler franchement, celui-ci ne prenait pas le moindre intérêt à la question. Il ne s’intéressait qu’à la jurisprudence — et à ce qu’elle peut rapporter, mais il comprit qu’il fallait désormais s’intéresser aux céréales, apprendre la question, — peut-être bien, mon Dieu ! savoir en parler couramment, au besoin, pendant une heure ou deux. Il n’en est pas moins vrai qu’il ne s’en était jamais préoccupé avant la quinzaine qui précéda sa campagne électorale.

Les conservateurs étaient alors au pouvoir et se posaient en ennemis déclarés du commerce libre des grains. Ils s’étaient engagés à maintenir le droit sur les blés importés, — si tant est qu’en politique on puisse jamais être engagé à quoi que ce soit. Ce droit protecteur était même devenu leur grand cri de ralliement, depuis qu’il leur avait fallu en abandonner tant d’autres bien plus importants !

Le public n’avait pas encore appris par expérience ce qu’il a appris depuis, à savoir qu’aucune réforme, aucune innovation, — nous pourrions presque dire