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seulement il y siège, mais il s’y fait écouter lorsqu’il lui plaît de parler. Quand il parle, c’est toujours en légiste. Il ne se laisse point entraîner en dehors de sa profession par les attraits fallacieux de la politique générale. Sur les questions de réforme légale, il a des opinions très-prononcées ; sur les matières qui touchent à la justice, il a des idées à lui, — ou, pour mieux dire, des idées qu’il exprime sous une forme à lui ; enfin, en sa qualité d’avocat attaché aux tribunaux ordinaires, il dénonce volontiers les délais et les frais exorbitants de la cour de chancellerie, et le bruit court que c’est lui qui aurait fourni les détails techniques d’un certain roman qui fait grand bruit et dont l’objet est de démolir l’autorité du lord-chancelier.

Mais, bien que comme membre du parlement il ne s’occupe que de questions légales, il va sans dire qu’il est toujours prêt, en toute occasion, à aider son parti de son vote. Son parti ! Voilà quelle avait été sa grande difficulté en prenant place à la Chambre. Quel serait son parti ?

Comme avocat, il avait travaillé avec persévérance, et pour cela un parti ne lui avait pas été nécessaire. Ç’avait été du bon travail honnête, — honnête du moins en tant que travail, car on n’aurait pu toujours en dire autant du but. Cet honnête travail, et une certaine habileté dans le maniement de son éloquence, lui avaient suffi dans les commencements. Il n’était pas tenu alors d’avoir, ou, pour mieux dire, de professer en politique des opinions tranchées. Mais aucun avocat ne peut espérer atteindre à la célébrité sans tenir à