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— Vous savez, je pense, que ce serait retarder notre mariage de près de trois ans ?

— De plus de deux ans, oui, si je ne me trompe.

— Et vous pouvez parler sans émotion d’un pareil délai ?

— Pas sans émotion, George, mais avec une détermination bien arrêtée.

— Et pourquoi, moi aussi, n’aurais-je pas une détermination bien arrêtée ?

— Mais, sans doute, mon ami, cela vous est permis. Vous pouvez me proposer, si vous en avez le courage, d’ajourner encore notre mariage à deux ans au delà du terme que j’ai dit moi-même. Vous pouvez même me dire, si cela vous convient, qu’à de pareilles conditions vous ne voulez plus m’épouser du tout. Nous avons, l’un et l’autre, ce que vous autres avocats vous nommez un veto. Eh bien ! mon ami, j’oppose mon veto à la pauvreté pour vous, à la gêne de tous les jours, à une maison mal tenue, au danger d’avoir une femme irritable et maussade. Je serai toujours enchantée de pouvoir vous aider à être heureux, prospère et vaillant vis-à-vis du monde ; mais je ne veux pas être pour vous une pierre au cou qui paralyse vos premiers efforts. Si moi, je puis attendre, George, ne le pourrez-vous pas ? Cette position que je vous propose, qui offre tant d’inconvénients pour une jeune fille, ne gêne nullement un homme.

Le lecteur a dû déjà s’apercevoir que mademoiselle Waddington n’était pas facile à persuader. En cette occasion, Bertram échoua complètement. Il y eut un