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Passons sous silence les privilèges d’amoureux. Caroline Waddington n’était pas fille à être très-prodigue en pareille matière, et en cette occasion elle ne se départit pas de ses principes.

— M. Harcourt est-il ici ? demanda-t-elle.

— Sans doute, il est là-haut au salon.

— Il faut donc que j’aille me montrer. Que vous êtes vaniteux, vous autres hommes, quand vous avez quelque jouet à faire voir ! Ce n’est pas que vous ayez personnellement lieu de tirer vanité…

— De la vanité, non ; mais de l’orgueil, oui, — beaucoup de juste orgueil. Je suis fier de vous, Caroline, fier de montrer à mon ami combien est belle la femme qui m’aime.

— Voulez-vous bien vous taire, dit Caroline en lui fermant la bouche avec son bouquet. Quelles folies vous dites là ! Mais venez, votre ami ne reconnaîtra pas volontiers mes perfections si je fais attendre le dîner. Et là-dessus ils remontèrent ensemble au salon.

Tout en se moquant de George et de son envie de la faire admirer, Caroline n’avait rien négligé pour paraître avec tous ses avantages. Elle était on ne peut plus désireuse que Bertram fût fier d’elle, et fier d’elle à juste titre. Elle comprenait que, si elle parvenait à conquérir l’approbation de Harcourt, elle serait à peu près assurée de plaire aux autres amis de George. Elle résolut donc, en entrant au salon, d’être à son mieux, et elle y réussit complètement.

— M. Harcourt, ma nièce, mademoiselle Waddington, dit mademoiselle Baker, en les présentant l’un à