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s’écrire quand elles avaient quelque chose à se dire.

Des relations, purement de voisinage, avaient existé aussi, dans le temps, entre mademoiselle Baker et mademoiselle Gauntlet la tante. À une époque où mademoiselle Gauntlet était en visite à West-Putford, mademoiselle Baker, à cause de sa parenté avec les Bertram, s’était trouvée à Hurst-Staple. Elles y avaient fait connaissance ; à Littlebath cette connaissance s’était transformée en amitié. Mais les amitiés de Littlebath ne sont pas très-ferventes.

Il y avait six mois que le mariage de Caroline était arrangé, et elle n’avait pas encore trouvé de confidente. Elle ne connaissait personne à Littlebath à qui elle eût volontiers confié son secret. Sa tante, il est vrai, savait tout, mais ce n’était pas la même chose. Il était impossible d’être plus affectueuse, plus digne de confiance et plus complètement dévouée à sa nièce que ne l’était la tante Mary, mais elle avait le tort d’être non-seulement vieille par les années, mais encore par les idées. Elle était prudente comme Caroline, mais d’une prudence tout autre. Aucun désir de briller, aucune ambition ne se mêlait à la prudence de la tante Mary. Caroline la trouvait un peu prosaïque. De plus, mademoiselle Baker, tout en aimant beaucoup George Bertram, ne semblait pas du tout envisager son caractère sous le même aspect que Caroline.

Grâce à cet état de choses, Adela n’était pas depuis huit jours à Littlebath qu’elle savait le grand secret. Elle aussi, elle avait son secret ; mais elle ne le livra pas en retour. Les secrets comme ceux de Caroline