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avait-il dit, il est étrange qu’ils se soient rencontrés, très-étrange. George est intelligent, je crois qu’il fera son chemin. Puis mademoiselle Baker s’était hasardée, mais fort timidement, à lui demander s’il trouvait que la fortune des jeunes gens fût suffisante. — C’est à eux de décider cela, avait-il répondu assez brusquement. Mais je ne suppose pas que, pour le moment, ils pensent à se marier. Ils attendent, n’est-ce pas, que George soit avocat ? Mademoiselle Baker n’avait rien répondu, et pendant le reste de sa visite il n’avait plus été question du mariage.

Au commencement du mois de mars, mademoiselle Baker avait encore revu le vieillard. Elle s’était alors risquée à lui dire que George travaillait beaucoup.

— Et c’est de lui que vous tenez cette nouvelle, je pense ; mais si la chose est vraie, vous pouvez compter qu’il fera bien plus vite son chemin s’il n’a pas de femme, que s’il en a une.

Lors de cette entrevue, mademoiselle Baker lui demanda franchement, ainsi qu’il avait été convenu entre elle et sa nièce, si, dans le cas où le mariage aurait lieu, il n’ajouterait pas quelque chose à la fortune de sa petite-fille.

— Elle possède un avoir suffisant et convenable.

— Mais ils n’auront pas de quoi vivre, dit mademoiselle Baker.

— Ma chère Mary, ils auront un tiers de plus que je n’avais lorsque j’ai épousé votre tante. Et je trouvais moyen de mettre de côté une partie de mon revenu.