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de quelque réponse aux lettres semestrielles de Pritchett ?

— Non, il ne m’a chargé de rien.

— Je m’en doutais. Voyons, George, sois franc. Lorsque vous étiez ensemble, t’a-t-il emprunté de l’argent ? S’il ne l’a pas fait, c’est qu’il avait une triste idée de tes finances et de ma générosité.

George aurait pu déclarer, sans positivement mentir, que sir Lionel ne lui avait rien emprunté ; mais il ne se donna pas le temps d’examiner si, tout en respectant la vérité, il pouvait défendre son père sur tel ou tel point. Il était forcé de s’avouer que celui-ci avait manqué de générosité et de délicatesse à son égard, et que sa conduite ne pouvait être défendue en détail. Mais il sentait aussi que son oncle était inexcusable de chercher à le blesser, lui, George, par de telles accusations. Ce n’était pas à lui que M. Bertram aurait dû se plaindre de la négligence en affaires de sir Lionel. Il se dit qu’il ne resterait pas là à entendre mal parler de son père, et, sans considérer les résultats possibles de la colère de son oncle, il lui répondit d’un ton qui n’avait rien d’aimable :

— Je ne défendrai pas mon père, monsieur Bertram, pas plus que je ne permettrai qu’on me parle ainsi de lui. Que vos plaintes soient ou ne soient pas justes, je l’ignore, et ne demande pas à le savoir. Il est mon père, et cela devrait suffire pour que son nom soit respecté en ma présence

— Tudieu ! quelle chaleur !

— Faites-moi la grâce de m’écouter. Vous m’avez