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— Ce que j’en ai pensé ? dit George.

— C’est une bien belle personne, n’est-il pas vrai ? et elle a de l’esprit aussi. J’ai connu son père, monsieur George, — je l’ai beaucoup connu. N’est-elle pas une bien belle personne ? Ah, mon Dieu ! elle n’a pas assez d’argent, monsieur George ; voilà tout, — voilà tout ! Mais, — et M. Pritchett baissa la voix, — mais votre oncle pourrait changer cela, monsieur George.

M. Pritchett parlait volontiers de toute chose d’une façon un peu lugubre. Cela tenait plutôt à son ton qu’à ses paroles mêmes. Ce ton, qui touchait au sépulcral, ne provenait en réalité, ni d’un chagrin positif, ni d’une mélancolie naturelle, mais bien d’un cou trop court et d’une disposition asthmatique. Ceux qui voyaient souvent M. Pritchett, et qui connaissaient son tempérament, tenaient probablement compte de toutes ces circonstances ; mais George ne parvenait pas à se dérober à l’impression funèbre que lui causaient toujours ces petites entrevues, et il lui sembla voir un présage funeste dans la mention mélancolique que M. Pritchett avait faite de mademoiselle Waddington.

Le lendemain, il se rendit à Hadley, et, comme à l’ordinaire, il passa la soirée en tête-à-tête avec son oncle. Rien ne semblait changé. M. Bertram rentra juste à temps pour le dîner, et se mit à tisonner le feu exactement comme il l’avait fait lors de la dernière visite de George. « Allons, John, nous sommes en retard de trois minutes ! Pourquoi ne sert-on pas ? » Il ne débuta par aucune question au sujet de sir Lionel ou