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Il alla ensuite voir son oncle. Il se disait, — et cela de fort bonne foi, — que c’était pour lui un devoir désagréable à tous égards et sans objet pécuniaire, mais enfin un devoir qu’il fallait remplir. Mais, s’il faut tout dire, les enseignements de sir Lionel et de Harcourt n’avaient pas été sans porter leurs fruits. George venait de payer à son patron M. Die la rétribution de la première année, et il se trouvait à peu près sans le sou. Si un oncle millionnaire a de l’argent à donner, pourquoi ne le donnerait-il pas à son neveu ? Après tout, l’argent par lui-même n’a aucune vertu délétère. George en était venu du moins à reconnaître cela.

Il alla donc voir son oncle dans la Cité.

— Tiens, tiens, c’est toi, George ! te voilà revenu. Viens donc dîner demain à Hadley. Il faut que je sois à la Banque avant trois heures. Adieu, mon garçon.

Ce fut là tout l’entretien de George et de son oncle à leur première entrevue. Puis, il alla dire bonjour à M. Pritchett.

— Monsieur George, je suis heureux de vous voir de retour. J’en suis vraiment heureux, monsieur. On me dit que vous avez voyagé en pays étrangers, — très-étrangers. J’espère que vous n’avez pas eu d’ennui par rapport à l’argent, monsieur George ?

M. George protesta chaleureusement en lui serrant la main, qu’il n’avait eu aucun ennui par rapport à l’argent, — tant qu’il avait duré.

— Ce n’est pas un peu d’argent qui peut aller bien loin dans des pays si étrangers, dit sentencieusement