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l’Université, son oncle lui donna à entendre que, dans ce moment-là précisément, il était obligé de regarder beaucoup à ses dépenses. Quant à son père, il était bien trop absorbé par les affaires publiques pour se préoccuper des besoins de son fils, ce qui refroidit encore plus l’oncle. « C’est bon, dit George, je me passerai d’aller à l’Université si je n’y vais pas par mes propres moyens. »

Il se présenta donc au collège de Trinité à Oxford, comme candidat pour un scholarship, et il l’obtint, à la grande surprise de la famille Wilkinson, et un peu à la sienne. Dans ce temps-là, quand un jeune homme parvenait à obtenir un scholarship au collège de Trinité, on considérait généralement sa carrière comme assurée ; je ne sais s’il en est de même aujourd’hui[1]. L’oncle Bertram, dès qu’il connut le succès de son neveu, s’empressa de lui assurer une ample pension qui eût été plus que suffisante quand même celui-ci n’eût pas obtenu le scholarship. George Bertram se trouva donc à peu près riche pendant son séjour à Oxford.

Wilkinson, de son côté, fut envoyé à Oxford par son père, au prix d’assez grands sacrifices. Il y avait à la maison cinq autres enfants, quatre filles, et un plus jeune fils, et ce ne fut pas sans peine que M. Wilkinson parvint à donner à son fils aîné la somme voulue

  1. Le scholarship n’est pas une bourse à proprement parler, bien qu’il y ressemble sous le rapport de la gratuité de l’éducation à laquelle il donne droit. Un scholarship est toujours obtenu à la suite d’un concours et devient la récompense du plus méritant, à peu près comme le prix de Rome pour les élèves de notre école des Beaux-Arts. (Note du Traducteur.)