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Madame Hunter jeta un regard satisfait sur ses pieds que ne recouvrait aucune amazone, et qui n’avaient besoin, grâce au pantalon, d’aucune draperie.

— Je pensais moins à moi qu’à M. Hunter, dit-elle. Les femmes ne comptent pas en Orient.

— À moins qu’elles ne viennent de la Chrétienté, madame.

— Je songeais à l’habillement des hommes. Ne trouvez-vous pas le costume turc bien séant ? Je le déclare, je ne pourrai jamais m’accoutumer à voir Charles reprendre le pantalon, le gilet et l’habit.

— Et lui, comment pourra-t-il prendre son parti de vous voir en robe de soie toute gonflée de crinoline ?

— Alors je pense qu’il faudra nous décider à nous établir pour tout de bon en Orient. Je n’y ferai pas d’objection, quant à moi. Ce qu’il y a de certain, c’est que je ne pourrai plus jamais me décider à mettre un chapeau. À propos, qu’est-ce donc que ce sir Lionel Bertram qui vient d’arriver ?

— Je ne saurais trop vous dire ; mais je sais que ce jeune homme est son fils.

— Le fils a beaucoup d’esprit, n’est-ce pas ?

— Mon Dieu ! il a cette sorte d’intelligence des jeunes gens qui procure des succès universitaires.

(M. Cruse n’avait guère brillé à l’Université, disait-on.)

— Mademoiselle Waddington a l’air de le trouver fort à son goût, ne trouvez-vous pas ?

— Mademoiselle Waddington est très-belle, et elle