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Les deux dames rirent de bon cœur, mais M. Mac-Gabbery fronça les sourcils avec amertume. — Vous l’aurez rêvé, dit-il.

— C’est possible, repartit George ; mais je ne le crois pas. Allons, mademoiselle, racontez-nous vos premières impressions.

— Les miennes ne seraient pas très-intéressantes. Elles ne remontent pas si loin et elles se rapportent, si je ne me trompe, à des tartines.

— Quant à moi, je me souviens de m’être mise fort en colère, dit mademoiselle Baker, parce que mon papa prédit que je mourrais vieille fille. C’était mal de sa part, car il est évident que c’est la prophétie qui est cause de l’événement.

— Mais je ne vois pas du tout là un fait accompli, dit M. Mac-Gabbery avec un sourire galant du plus mauvais goût.

— Je vous demande pardon, monsieur, le fait est parfaitement accompli, reprit Caroline. Ma tante n’obtiendra jamais mon consentement à son mariage, et je suis bien sûre qu’elle ne songerait pas à s’en passer.

— Voilà donc les espérances de M. Mac-Gabbery à tout jamais détruites de ce côté-là, dit George qui put pendant un instant parler à Caroline sans être entendu de leurs compagnons.

— Je crois vraiment qu’il a eu quelque idée de ce genre, car il ne quitte pas ma tante un seul instant. Il a été poli, excessivement poli, mais vous n’ignorez pas qu’un homme peut être très-poli et très-ennuyeux à la fois.