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raille ainsi que les minarets de la mosquée se détachent nettement sur le ciel du soir, quand on les regarde de l’autre côté de la vallée. Il est facile de compter, même à cette distance, les grandes pierres qui forment la muraille et qui jadis faisaient partie du temple. Il en est qui ont plus de vingt pieds de longueur, à peu près sept pieds de largeur et cinq de hauteur ; ce sont de grands blocs de rocher qui ne sont l’œuvre, certes, ni des Turcs, ni du moyen âge, ni des Romains. Ces énormes pierres ne se trouvent qu’à ce seul endroit, à la base du temple, — à la base, plutôt, de ce qui fut le temple. Aujourd’hui elles font partie de la muraille qui s’étend sur le versant du mont Moriah, et qui s’élève à une hauteur d’environ quarante pieds du sol.

Au-dessus est la mosquée d’Omar, endroit désormais interdit au pied profane du chrétien. Au lieu où était l’aire d’Oman, les enfants de Mahomet lisent le Coran et chantent les louanges d’Allah d’une voix monotone. Quelle merveilleuse histoire, depuis le temps où les bœufs du Jébuséen y foulaient les gerbes jusqu’au jour où l’on y entendit le premier cri du musulman ! Nul chrétien aujourd’hui n’y entre ; c’est à peine s’il ose jeter un regard dans la cour murée qui entoure l’édifice, tandis que les Turcs gardent les clefs de l’église chrétienne et maintiennent la paix entre les Grecs et les Latins, de peur qu’ils ne se livrent avec trop d’ardeur au culte de leurs dieux étrangers.

C’est donc là que Jésus s’assit sur la montagne, faisant face au temple ! Il est impossible de ne pas re-