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à l’adresse de ceux qui le poussaient avec leur tête dans la direction qu’il ne voulait pas prendre, il sortit de la chapelle. Et pendant tout le reste de son séjour à Jérusalem, il n’éprouva aucun désir d’y rentrer. Il avait rempli ce devoir, fait cette corvée, vu cette chose, et, l’effaçant de sa liste de curiosités, il n’y pensa plus. C’est là, croyons-nous, le résultat ordinaire des visites de chrétiens anglais au lieu qu’on nomme le Saint-Sépulcre.

Et puis, il vit les autres curiosités de l’endroit : le Calvaire, dans la galerie d’en haut ; le Jardin, ou ce qu’on appelle le Jardin, où le Christ ressuscité apparut aux femmes qui venaient du sépulcre ; le lieu où chanta le coq de saint Pierre ; le tombeau de Nicodème ; tout cela dans la même église, sous le même toit, — tout cela, du moins, sous ce qui devrait être un toit et qui n’est plus qu’une ruine. Maintenant l’eau du ciel tombe librement sur toutes ces places saintes, car les Grecs et les Latins s’étant querellés au sujet des réparations à faire, les Turcs, seigneurs et maîtres aujourd’hui du Saint-Sépulcre, ont pris la chose en main, et ont décidé que ni les uns ni les autres ne répareraient rien. Enfin Bertram assista à la messe grecque — ou, pour mieux dire, il se figura qu’il y assistait, car la messe ne fut pas dite, comme celle de Rome, à un autel apparent et devant le public, mais dans le Saint des saints. Ce devait être très-saint en effet, d’après la façon dont les assistants pressaient leurs fronts contre de certains grillages à travers lesquels on pouvait apercevoir très-indistinctement les