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lique romaine en Italie et en France ont peine à comprendre, au premier abord, le rôle tout secondaire que joue le pape à Jérusalem. Car s’il est le vicaire de Dieu aux yeux des populations du sud-ouest de l’Europe, l’empereur de Russie ne l’est pas moins pour les chrétiens d’Orient. Le Russe est de beaucoup le plus grand des deux papes à Jérusalem, et on le traite avec un plus profond respect, on lui accorde une foi plus sincère que n’en obtient son rival de Rome, même de la part des Romains.

Bertram avait essayé à cinq ou six reprises d’entrer dans le tabernacle du Saint-Sépulcre ; mais il avait échoué, tant était grande la foule des pèlerins ! Enfin son drogman profita d’un moment de calme et donna encore une fois l’assaut. Avec un peu de patience on parvient à pénétrer dans la petite chapelle intérieure qui forme, pour ainsi dire, le vestibule du sépulcre, et d’où sortent les flammes miraculeuses le samedi de Pâques. Le proche voisinage de Coptes et de Candioles, d’Arméniens et d’Abyssiniens n’était pas très-agréable à notre héros, car l’on était bien serré et les chrétiens de ces nations-là ne sont pas plus propres qu’il ne faut. Mais tout cela n’était rien, comparé à l’entreprise d’entrer dans le Sanctum sanctorum. Pour y donner accès, il n’y a qu’une seule ouverture, et cette ouverture est haute de quatre pieds à peine. Ceux qui entrent se précipitent la tête la première, ceux qui sortent se présentent de l’autre sens, et comme il est impossible que deux passent de front, et que néanmoins il se trouve toujours deux ou trois personnes