Page:Trollope - Le Domaine de Belton.djvu/97

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cepter ou refuser. Quel droit avais-je de penser qu’une jeune fille pouvait être obtenue de cette façon, surtout une jeune fille comme Clara Amadroz ?

— Elle aurait fait là un bon mariage.

— Je n’en suis pas sûr. Son éducation a été différente de la mienne, et il est bien possible qu’elle épouse quelqu’un qui me soit supérieur. Mais je ne vous dirai pas un mot de plus ce soir. Demain, si vous êtes assez bien portante, je vous parlerai toute la journée. »

Le lendemain la pauvre Mary fut obligée de garder le lit, et Will essaya en vain de s’intéresser aux occupations de la ferme ; les jours suivants, après plusieurs conversations, miss Belton commença à être au courant de ce qui s’était passé, et à pouvoir donner d’utiles conseils à son frère.

« Voyez-vous, Will, lui dit-elle, les femmes ne s’éprennent pas si soudainement que les hommes.

— Je ne vois pas comment on peut s’en empêcher. Ce n’est pas comme de se précipiter dans la rivière, ce qu’une personne peut faire ou ne pas faire à volonté.

— Je crois, au contraire, que c’est comme de se jeter dans la rivière, et qu’on peut s’en empêcher. Ce qu’on ne peut éviter, c’est d’être dans l’eau, une fois que le saut a été fait ; c’est pourquoi les femmes ne sautent pas, avant d’avoir considéré ce qui arri-