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de sa vie, sur la branche la plus élevée de l’arbre, alors on en fera grand cas, quand même il ne serait pas mûr. Le matin, le capitaine Aylmer, en revenant de l’église, s’était demandé avec anxiété quelle serait la réponse de Clara. Le fruit était encore à la branche la plus élevée de l’arbre : depuis il était tombé à ses pieds, et il l’appréciait moins ; mais, heureusement, la pomme s’était trouvée être d’une très-bonne espèce. Ayant ainsi conclu, le capitaine Aylmer rentra laver ses mains et changer ses bottes, et descendit dans le salon juste comme on annonçait le dîner.

Pendant le repas la présence du domestique empêcha toute conversation intéressante. Clara avait résolu que ce soir-là le capitaine Aylmer ne resterait pas seul à boire son verre de porto ; ils s’assirent après dîner de chaque côté du feu.

« Je pense, dit Clara, que je puis rester avec vous ?

— Oh ! certainement. Je ne suis pas du tout marié à la solitude.

— C’est heureux, puisque vous êtes décidé à vous marier différemment. »

Elle parlait à voix basse, mais avec une joie contenue qui aurait dû lui aller au cœur et le rendre bien heureux.

« Oui, dit-il, nous ne pouvons plus nous en dédire, ni vous ni moi ; j’espère que vous n’avez aucune inquiétude, Clara ?