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avant le départ du train. Je ne connais pas d’heures plus terribles que celles qu’on passe à attendre un train. Les minutes, loin de s’envoler, semblent ne pas marcher. Un homme a la ressource de se promener, mais une femme doit rester enfermée dans une triste salle d’attente. Il y a peut-être quelques personnes qui, dans ces circonstances, peuvent lire, mais elles sont en petit nombre. Ordinairement, l’esprit refuse de s’appliquer, et le corps est saisi d’un besoin de mouvement et d’agitation. On regarde les affiches pendues aux murs, on étudie les plans de quelques villes d’eaux avec leur église, leurs villas, entourées d’arbustes, et il semble que nulle raison de santé ou d’économie ne pourrait vous forcer à vivre là ; enfin, on se demande pourquoi les chefs de gare ne se suicident pas plus souvent. Clara avait fait toutes ces réflexions, quand elle entendit la cloche bénie annonçant l’arrivée du train.

Elle était déjà installée dans un wagon, quand le train de Londres arriva, et les voyageurs subirent l’ennuyeuse opération de changer de voiture. Parmi eux, Clara reconnut le capitaine Aylmer. Son premier mouvement fut de se retirer dans son coin, mais peut-être ne fut-elle pas trop contrariée quand elle vit le capitaine se diriger vers son wagon. Il plaça sa couverture, son paletot et son nécessaire dans la voiture avant de découvrir quelle était sa compagne de voyage.