Page:Trollope - Le Domaine de Belton.djvu/185

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sa grande surprise, qu’il était sur le point de les perdre. Après avoir désiré affranchir ses pieds de leurs entraves, il reconnaissait trop tard leur utilité pour le voyage de la vie.

« Clara, répéta-t-il agenouillé près d’elle, vous m’êtes plus chère que ma mère, cent fois plus chère. »

Tout cela était nouveau pour elle. Un tel argument employé à Aylmer-Park l’aurait conquise. Maintenant, il était trop tard. Sa résolution était prise. Elle n’en trouvait pas moins pénible d’avoir à refuser la prière qui lui était faite avec tant d’ardeur. Frédéric avait essayé de lui prendre la main, et elle ne pouvait se dégager entièrement sans se lever. Elle s’arrêta un instant indécise. Un moment, en regardant les yeux de Clara, Aylmer se crut victorieux. Peut-être laissa-t-il paraître une expression de triomphe dans sa physionomie. Elle vit le danger.

« Non, dit-elle en se levant, non.

— Que signifie ce « non », Clara ? (Il s’était aussi levé et restait appuyé à la table.) Veut-il dire que vous serez parjure ?

— Il signifie, capitaine Aylmer, que je ne serai jamais votre femme. Vous me connaissez assez pour savoir que j’ai beaucoup réfléchi avant de prendre une semblable résolution. Soyez assuré qu’elle est irrévocable. »

Il resta un moment silencieux, puis se tournant brusquement vers elle :