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— J’ai peur que non, dit Will.

— Ne l’abandonnez jamais, suivez mon conseil, et vous m’en remercierez quelque jour. »

Will ne répondit pas, mais il résolut de persister ; du reste, il trouvait à part lui qu’il avait montré jusqu’alors une certaine dose de persévérance.

La voiture partit. Comme elle traversait le village, Will, en regardant sa cousine, vit qu’elle avait les yeux remplis de larmes, et il s’abstint de lui parler.

Les voyageurs rencontrèrent le capitaine Aylmer à la porte de l’hôtel de la station, où des chambres avaient été retenues. La rencontre n’offrit rien de désagréable pour notre ami Will. Son heureux rival ne put que tendre la main à sa fiancée, comme il l’aurait fait pour toute autre femme, et lui proposer de monter voir sa chambre. Il tendit ensuite la main à Will, qui fut obligé de lui donner la sienne, bien qu’il eût mieux aimé se la couper.

Restés seuls, les deux hommes essayèrent de causer de choses indifférentes ; mais, au bout d’un moment, Belton laissa percer tant d’irritation dans ses réponses, que le capitaine Aylmer cessa de parler et prit un journal. Will en prit un autre et ils restèrent ainsi jusqu’au retour de Clara.

Il est probable qu’Aylmer lut son journal, ce n’était pas une personne à se déconcerter facilement ; mais je suis sûr que Will Belton n’en lut pas un mot. Il était furieux contre son rival, et furieux