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instruit et que je ne sais rien. Je vois la différence, mais cela ne me rend pas plus heureux.

— Will, je l’aimais avant de vous connaître.

— Pourquoi ne me l’avez-vous pas dit ? j’aurais su que je n’avais rien à espérer.

— Rien n’était décidé alors. Je ne savais pas encore bien moi-même que je l’aimais. Ne pouvez-vous me comprendre ? Ne vous en ai-je pas dit assez ?

— Oui, je comprends.

— Et vous ne me blâmez pas ?

— Je suppose qu’il n’y a personne à blâmer que moi. Mais soyez indulgente ; j’étais si heureux et maintenant je suis si misérable ! »

Elle ne pouvait rien dire pour le consoler, mais elle reconnaissait qu’elle s’était méprise sur la nature de l’affection dont elle était l’objet et aussi sur le caractère de l’homme qui l’aimait. Si elle l’avait mieux connu, elle eût empêché cette seconde visite. Maintenant il ne lui restait qu’à attendre que Will eût la force de renfermer sa souffrance en lui-même.

Le lendemain, Belton et M. Amadroz traitaient le même sujet, mais la conversation ne se prolongea pas. Will était bien résolu à ne pas montrer sa faiblesse au père comme il l’avait fait à la fille.

« J’aurais été si heureux de penser que le fils de ma fille aurait habité la maison de son grand-père ! murmura M. Amadroz.