Page:Trollope - La Pupille.djvu/8

Cette page a été validée par deux contributeurs.

sirais avoir une longue conférence avec vous, mon ami, et non pas échanger quelques mots à la hâte pendant que vous vous impatientez en pensant que l’on vous attend. Allez, partez ; j’aime mieux ne pas vous avoir du tout que de vous entretenir dans un moment où vous êtes si pressé.

— Sera-t-il encore temps ce soir ? demanda le jeune homme.

— Non vraiment… Mais allez-vous-en tout de même, répondit M. Thorpe en regardant le paysage par la fenêtre, puisqu’on vous attend. »

Sir Charles ne répondit pas, tira la sonnette, déposa son fusil dans un coin et s’assit tranquillement en face de son vieil ami.

Un jeune homme se présenta, mistress Barnes étant trop occupée pour entendre la sonnette.

« C’est bien, Jem, vous êtes précisément l’homme qu’il me fallait, dit le jeune baronnet ; courez sur la colline de Windmill, et dites à M. Lloyd, et à une autre personne que vous trouverez, là avec des chiens, qu’ils partent sans moi, car je ne puis les rejoindre en ce moment, étant retenu ici par des occupations qui ne souffrent pas de retard. »

Jem s’inclina et disparut.

« Dieu vous récompensera, Charles, de votre bonté pour un vieillard, dit M. Thorpe en regardant son jeune compagnon avec affection ; mais je regrette que vous perdiez ce jour de chasse. Je vous dirai, pour vous consoler, que le vent coupe comme un rasoir ; mais à votre âge un rayon de soleil…

— Peu m’importe le soleil, voisin Thorpe, si je puis vous être utile ou agréable en quelque façon, dit sir Charles prenant sur ses genoux un magnifique chat et l’entourant de ses bras ; maintenant, j’écoute ce que vous avez à me communiquer.