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ce qu’elles voyaient. Le major Heathcote et sa femme déclaraient qu’ils n’avaient jamais vu une aussi belle chambre, M. Spencer faisait compliment à M. Thorpe, et Sophie murmurait à l’oreille de son oncle :

« Je suis encore tout éblouie ! Ah ! ce voyage près de vous restera toujours gravé dans mon cœur ! »

Quant à Florence et à Algernon, ils formaient un délicieux tableau, appuyés qu’ils étaient l’un sur l’autre et dévorant les rayons des yeux. Sir Charles les admirait et ne pouvait détourner ses regards charmés.

« Quelle créature intolérable que cette Florence ! disait miss Elfreda à sa sœur Eldruda. Est-elle affectée ! Que sera-ce donc dans quelques années ? Je n’ai jamais vu une fille aussi coquette. Comme elle pose, parce qu’elle voit que sir Charles la regarde ! Elle est vraiment tout à fait détestable. »

Le jour commençait à tomber. M. Spencer descendit au salon et s’installa devant une table, avec des bougies à côté de lui, pour lire son courrier ; M. Wilkyns alla dormir près du feu dans le petit salon ; M. Heathcote disparut jusqu’à l’heure du dîner ; les trois héritières Wilkyns se retirèrent dans la chambre de miss Elfreda, où elles firent un feu brillant. M. Thorpe alla aussi se reposer dans sa bergère, et mistress Heathcote, Florence et Sophie, commencèrent à travailler dans le salon, mais assez loin de M. Spencer pour ne pas le troubler dans la lecture de ses papiers.

Pendant ce temps Algernon avait rejoint sir Charles, et lui avait demandé timidement s’il pensait que M. Thorpe l’autorisât à faire sortir quelques livres de la bibliothèque.

« Tous, les uns après les autres, mon cher Algernon, répondit sir Charles ; et, comme je connais bien leur place, venez avec moi, je vous donnerai celui que vous désirerez. »