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« Eh bien ! mademoiselle, ne trouvez-vous pas que. ce portrait pourrait passer pour le vôtre ?

— Non, je ne vois rien de semblable, Nancy, répondit Sophie avec une distraction affectée ; mais, retirons-nous, dit-elle… Je rentre dans ma chambre, et je vous remercie de votre complaisance. »

En entrant chez elle, Sophie ferma la porte ; puis, saisissant son peigne, elle s’étudia à disposer ses cheveux comme ceux du portrait. Elle ôta ensuite sa robe et passa une camisole dont elle rabattit le col autour de son cou un peu découvert.

« C’est extraordinaire, murmura-t-elle en se regardant dans la glace. Allons, si je ne sais pas profiter de cette ressemblance, je mérite de mourir sur le grabat d’une mendiante. »

Après s’être bien examinée, elle se rhabilla et descendit au salon, où elle espérait bien être seule, afin de se livrer aux pensées qui l’assaillaient.

Elle y trouva toutes ces dames occupées à de petits ouvrages, et sir Charles au milieu d’elles et faisant la lecture. À l’arrivée de Sophie, le lecteur s’arrêta un moment ; mais, comme il remarqua que les dames désiraient savoir la suite de la scène, il ne ferma pas le livre, et attendit pour continuer que miss Martin se fût assise. Il avait compté sans les miss Wilkyns, qui commençaient à parler tant et tant, qu’il lui fallut se décider à en rester là de sa lecture.

« Je suis si heureuse de vous voir Sophie ! Je suis ravie, et si vous saviez quel livre charmant et quel aimable lecteur ! disait miss Elfreda avec volubilité.

— Ah ! vous avez bien perdu, Sophie, en nous quittant, reprenait miss Eldruda.

— Venez là près de moi, chère petite cousine, » continuait la jolie Winifred.