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M. Jenkins, il s’écria : « Si nous nous le rappelons ? Ah ! il nous a assez amusés. Il est maintenant dans la chambre de maman.

— Comment a-t-il pu tant vous amuser ? demanda M. Jenkins avec un peu d’amertume et de mécontentement dans la voix.

— Je ne sais si je dois vous le dire, reprit Algernon.

— Et pourquoi non, mon enfant ? reprit mistress Heathcote ; c’est très-drôle en effet, et, si vous ne le racontez pas, moi je vais le faire.

— Il vaudrait mieux ne rien dire, mais faites selon votre désir ; ce qu’il y a de sûr, c’est que je ne resterai pas pour vous écouter. »

Mistress Heathcote raconta alors tout ce qui s’était passé lors de la première réunion de famille à Thorpe-Combe, sans oublier les remarques et les prophéties d’Algernon. Puis elle ajouta : « Je me rappelle parfaitement l’émotion de ce bon M. Thorpe, quand il vit Sophie ainsi coiffée. Vous comprenez ce qu’elle voulait, monsieur Jenkins, et vous voyez que cela lui a parfaitement réussi. »

M. Jenkins ne répondit pas ; mais, le jour où il se décida à en finir avec toutes ces hésitations, il ordonna à William de descendre ce portrait et de le placer ainsi que nous l’avons vu. Le domestique aurait peut-être hésité, si M. Jenkins n’avait eu soin en lui parlant de glisser un souverain dans la main du valet, qui répondit un : « Oui monsieur, » des plus respectueux, et qui ne laissait aucun doute sur son obéissance.

En apercevant le tableau, sur lequel le jour frappait en plein, Sophie fronça les sourcils et demanda à William avec colère :

« Qui a apporté cela ici ?

— C’est moi, madame, d’après les ordres de M. Jenkins, répondit William.