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d’elle, et soit volontairement, soit par hasard, ne lui avait pas fait l’honneur de l’apercevoir ; puis les Heathcote, malgré ses impertinences réitérées, étaient gais, polis et aimables ; enfin mistress Barnes avait oublié de faire venir des pains d’épices et autres sucreries pour ses repas particuliers.

Cependant en ce moment, quelques flatteries ne pouvant que lui être agréables, elle accueillit le nouveau venu par un sourire engageant et en lui tendant deux doigts à baiser.

« Ma très-chère miss Martin Thorpe, comment vous portez-vous ? murmura Richard d’une voix plus tendre encore que de coutume.

— Très-bien, je vous remercie, répondit Sophie en rajustant un coussin sur son dos et un tabouret sous ses pieds avec l’aide de Richard.

— Il me semble que vous n’êtes pas tout à fait à votre aise ; quoique plus charmante que jamais, je ne vous trouve pas bien portante. Vous êtes vraiment très-pâle, belle Sophie.

— Je souffre bien assez pour manquer de couleurs, répondit Sophie en fronçant le sourcil et en reprenant sa physionomie sèche et querelleuse.

— Grand Dieu ! n’y a-t-il aucun moyen de vous soulager ? Avec des cœurs aussi dévoués que le mien et celui de ma sœur, il y a toujours de la ressource, murmura M. Brandenberry en la regardant le plus tendrement possible et paraissant dominé par l’émotion.

— S’il y a un moyen, je n’ai certes pas eu l’esprit de le trouver. Tout ce que je ferai n’aboutira à rien. Ces maudits Heathcote sont mon tourment de chaque jour, et il me faudra peut-être attendre des mois avant de pouvoir m’en débarrasser.

— N’attendez rien, adorable Sophie, s’écria Richard en tombant à ses pieds, n’attendez rien pour vous sous-