Page:Trollope - La Pupille.djvu/204

Cette page a été validée par deux contributeurs.


CHAPITRE XXVII.


Quoique miss Martin Thorpe affectionnât particulièrement le sommeil et qu’elle dormît généralement sans se réveiller pendant la nuit entière, celle qui suivit cette soirée se passa bien différemment.

En rentrant dans son appartement, Sophie se déshabilla, renvoya sa femme de chambre, s’enferma et tomba dans une profonde méditation.

La visite et l’affection de M. Jenkins pour elle, la bague de diamants, le refus de Florence, de cette horrible Florence, et la crainte que celle-ci ne l’emportât toujours sur elle, repassèrent dans l’esprit de l’héritière, qui s’écria : « Cela ne sera pas ; je suis arrivée à mon but, personne ne me gênera maintenant. Il faut que ces monstres me quittent ; je ne veux plus nourrir et loger ces vipères qui ne peuvent que me ruiner en détournant de moi ce millionnaire ; non, cela ne sera pas, je ne dois, je ne veux pas le tolérer. »

Puis elle se dirigea vers le cabinet qui renfermait ses trésors, y prit le collier de perles et le dévora des yeux en le pressant dans ses mains. Cependant, comme la nuit n’était pas à moitié écoulée, elle le remit en place et se recoucha pour reposer ses esprits, qu’elle avait tenus si longtemps éveillés. Le lendemain, comme Sophie attendait ses amis les Brandenberry, elle ne descendit pas, suivant sa coutume, visiter son potager et compter combien de choux en avaient été distraits. Son attente ne fut pas de longue durée, car d’assez bonne