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des coffres, armoires, portes et cabinets des mains de M. Westley, celui-ci lui avait dit :

« Voici, madame, les clefs des meubles contenant des valeurs de tout genre, que je ne connais pas, mais dont vos tuteurs vous autorisent à prendre possession. »

En recevant ces clefs, Sophie avait fait ouvrir quelques cabinets qui donnaient dans la chambre qu’habitait M. Thorpe ; mais n’y ayant rien trouvé d’intéressant, elle les avait livrés, ainsi que deux ou trois autres qu’elle n’avait pas visités, aux ouvriers qui les avaient nettoyés en réparant son appartement. S’il y avait réellement des diamants, ils étaient dans ces cabinets : aussi les dévorait-elle des yeux et brûlait-elle de voir partir ses nouveaux amis ; mais ceux-ci semblaient avoir pris racine dans leurs fauteuils. Ne pouvant supporter un plus long martyr, Sophie se leva brusquement et, prétextant le désir de se promener un peu, elle voulut les accompagner immédiatement, afin de jouir plus longtemps, dit-elle, de leur aimable compagnie.

Les deux Brandenberry exprimèrent leur bonheur en des termes passionnés et flatteurs qui, quoique ordinairement très-doux aux oreilles de l’héritière, ne lui faisaient pas trouver le temps plus court en ce moment.

Enfin quand, tout en causant, ils furent arrivés assez loin pour que miss Brandenberry ne pensât pas à revenir au château avec elle, miss Martin Thorpe lui souhaita tout à coup le bonjour et voulut s’éloigner rapidement.

Mais M. Brandenberry, se précipitant devant elle s’écria avec un accent passionné qui toucha beaucoup son idole :

« Quand la terre, en s’ouvrant entre nous, mettrait