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que cela fait ? Ouvrez les fenêtres, et, si nous voyons de la poussière et des toiles d’araignées, nous n’en apprécierons que mieux ensuite vos nettoyages et leur disparition.

— Les fenêtres sont ouvertes depuis plusieurs heures, monsieur.

— Vous êtes une brave femme, Barnes ; votre bras, Charles, et partons. Quand je suis décidé à faire une chose, je ne peux pas souffrir qu’on m’oppose le moindre retard. Allons, en route. »

Les deux amis partirent pour leur expédition, qui dura deux heures environ. La maison était très-grande ; sir Charles tombait à tout instant en admiration devant de magnifiques peintures, des écrans et des étoffes des Indes, des pagodes en ivoire, des monstres chinois et autres curiosités. Enfin son étonnement était grand à la vue de tous ces objets de luxe dont il n’avait jamais soupçonné l’existence chez son ami. Quant au vieux Thorpe, il prenait, en regardant autour de lui, une expression mélancolique qu’il expliqua ainsi :

« Je me rappelle tous ces objets, dit-il, comme si je les avais vus hier. On les trouverait sans doute aujourd’hui de mauvais goût ; mais il y a vingt ans…

— Ils sont toujours très-appréciés, mon ami, et, croyez-moi, s’il y avait dans cette chambre un tapis et des rideaux, les plus exigeants n’y trouveraient rien à critiquer, et vous pourriez être sûr que vos invités seraient satisfaits.

— Des tapis et des rideaux, répéta le vieux gentilhomme, il y en avait ; mais ils ont dû être déchirés depuis le temps, n’est-ce pas, Barnes ?

— Déchirés, pourquoi, monsieur ? qui les aurait déchirés ? Personne ne les a même regardés, si ce n’est moi, une fois l’an, pour voir s’ils n’étaient pas attaqués