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agir ; mais, hélas ! ce qui me désole, c’est que jamais, quoi qu’elle fasse, je ne pourrai m’attacher à elle ! »

Le pauvre major était tout confus en faisant cette confession à sa femme ; il ne pouvait cependant pas choisir une meilleure confidente : car non-seulement elle sympathisait avec lui, mais, comme lui, elle voulait combattre ses penchants qui l’éloignaient aussi de Sophie, et se promettait bien d’éviter qu’un mot blessant ou un reproche ne tombât de ses lèvres sur leur pupille.

« Vous avez raison, amie, et nous devons nous vaincre, répondit le major aux sages conseils de sa chère femme ; la fortune lui donne le droit d’être hautaine avec nous et maîtresse chez elle ; ce n’est pas sa faute si elle n’est ni aussi jolie que notre Florence, ni aussi gaie que nos chers petits enfants. »

On voit d’après cela que la tranquillité de miss Martin Thorpe était dorénavant assurée, car le major et sa femme étaient bien décidés à lui laisser faire toutes ses volontés sans lui adresser même une observation.




CHAPITRE XVII.


Le jour fixé par l’héritière pour son départ de Bamboo-Cottage, la riche voiture de M. Thorpe, remise à neuf, soigneusement repeinte et traînée par quatre chevaux avec deux élégants postillons sur le siège, et un groom en grand deuil derrière, s’arrêta devant la maison de miss Heathcote pendant que toute la famille était à table.

D’après les ordres antérieurs de Sophie, miss Robert et le domestique se rendirent à sa chambre pour finir