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sième. Ce fut encore sir Charles qui entama la conversation :

« Votre excellent oncle et moi désirerions vivement, miss Martin Thorpe, savoir de vous où vous désirez habiter pendant votre minorité et jusqu’à votre mariage.

— Avant de répondre à votre question, sir Charles Temple, il serait nécessaire, je crois, de me dire ce que vous avez à m’offrir.

— Ceci est très-naturel, miss Martin Thorpe, et je vais vous répondre immédiatement. Comme vous ne pouvez résider qu’avec votre oncle, il faudra ou que vous viviez avec lui chez lui, ou qu’il aille vivre avec sa famille chez vous.

— Serait-il donc nécessaire que toute la famille du major habitât avec moi, dans ma maison, si je me décidais à m’établir tout de suite à Thorpe-Combe ? demanda l’héritière avec une certaine insolence.

— Et quels membres de la famille, demanda vivement et avec colère le baronnet, désirez-vous, par un caprice inqualifiable, éloigner du domicile paternel ? »

En entendant cette réponse faite d’un ton sévère, Sophie baissa un instant les yeux ; puis, reprenant son impertinente froideur, elle continua en s’adressant à sir Charles :

« Il est des discussions de famille pour lesquelles nous n’avons nullement besoin de votre assistance, et qui pourront très-bien s’arranger lorsque vous serez parti. Pour le moment, je vous serais obligée de me soumettre l’état de mes dépenses, soit que je reste, soit que je prenne immédiatement possession de ma propriété de Thorpe-Combe.

— Pauvre Florence ! charmante créature ! murmura tristement le baronnet, que tu seras malheureuse chez cette odieuse fille ! Ah ! qu’Algernon l’avait bien jugée !…