Page:Tristan L’Hermite - Les Amours de Tristan, 1638.djvu/193

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


S’il faut qu’en vous aimant, ie commette vn forfait,
Nos Bois & nos Hameaux ſont pleins de mes complices ;
Qui m’aßiſtent touſiours de penſée, ou d’effet,
      Soit me rendant de bons offices,
Soit adreſſant au Ciel de ſecrets ſacrifices,
      Afin que ceux de mon tourment
Soient acceptez de vous plus fauorablement.

Vn Berger ſi ſubtil à guider le pinceau
Que ſon art bien ſouuent a trompé la Nature ;
Vous obſeruoit vn iour ſur le bord d’vn ruiſſeau
      Pour me donner voſtre peinture :
Lors ſelon ſes ſouhaits, vos yeux par auanture
      Se conſeilloient à ce miroir
De tout ce dont vos ſoins augmentent leur pouuoir.

Vous auiez ſur la teste vn chapeau retrouſsé
Où deux roſes pendoient auec leur tige verte ;
Vous teniez vers l’eſpaule vn bras tout renuersé,
      Voſtre gorge eſtoit découuerte
Sur qui deux monts de neige animez pour ma perte,
      Ne vous ſouffrent de reſpirer
Que par des mouuemens qui me font ſoupirer.