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et particulièrement les femmes, éprouve le besoin d’améliorer la condition générale, et de changer des habitudes sociales qui ne peuvent plus convenir au développement que le progrès lui a fait atteindre. Mais le défaut de notre époque est de vouloir trop généraliser : de cette manière, on perd de vue les moyens de réalisation ; on rêve des systèmes parfaits, mais qu’on ne pourra peut-être mettre à exécution que dans deux siècles.

Notre but, ici, n’est pas de faire aussi une brillante utopie, en décrivant le monde comme il devrait être, sans indiquer la route qui pourra nous conduire à réaliser le beau rêve d’un Éden universel.

Nous voulons des améliorations progressives, et c’est dans ces vues que nous envisageons seulement une partie de l’humanité et de ses malheurs. Nous pensons que si chacun voulait suivre cette marche, en travaillant aux diverses améliorations, selon un aspect spécial, bientôt on verrait poindre le soleil de rédemption et de bonheur.

Nous voulons simplement nous occuper du sort des femmes étrangères, sans jamais nous écarter de cette spécialité.

C’est aux femmes qui ne connaissent pas, par leur propre expérience, le malheur de cette position ; aux hommes qui, malgré tous les efforts qu’ils pourront faire, ne sauraient comprendre combien il est affreux de se trouver femme seule, et étrangère ; c’est à tous que nous adressons nos paroles et notre appel. Nos idées nous sont dictées par la philanthropie la mieux sentie, notre but est saint ; aussi, nous l’espérons, Dieu nous donnera des paroles qui auront un écho jusqu’au fond de tous les cœurs sensibles, de toutes les ames nobles et généreuses. Long-temps nous avons voyagé seule, et étrangère ; nous connaissons, par conséquent, tout le malheur de cette cruelle situation. Nous nous sommes trouvée étrangère à Paris, dans des villes de province, dans des villages, aux eaux. Nous avons parcouru aussi plusieurs contrées d’Angleterre et son immense capitale. Nous avons visité une grande partie de l’Amérique, et nos paroles ne seront que le retentissement de notre ame ; car nous ne savons parler que des choses que nous avons éprouvées nous-même.

Pour peindre un tableau fidèle de toutes les souffrances auxquelles est en butte la femme seule et étrangère, nous croyons